03/10/2024

À partir de 2008, et durant une douzaine d’années, la campagne de prélèvement du grand cormoran animait les abords du lac principal du parc communal de la Lère. Dans ce cadre, l’opération bihebdomadaire occupait une dizaine de chasseurs du coin, placée sous l’autorité de Jean-Paul Duclos, garde-pêche fédéral. Laquelle tentait de réduire au mieux la forte colonie d’oiseaux aquatiques nichée dans le dortoir de l’îlot du site monteillais. Sur le plan administratif, chaque année, cette régulation était encadrée par un arrêté préfectoral autorisant la chasse de quelque 500 cormorans en eaux libres et une cinquantaine en pisciculture. Au parc communal de la Lère, la moyenne annuelle sur la période concernée a représenté près de 80 oiseaux prélevés, en baisse progressive d’une campagne à l’autre, grâce à l’efficacité des chasseurs.
Oiseau vorace et protégé
Prédateur efficace, le grand cormoran est réputé gourmand avec une ration quotidienne de poisson entre 300 et 500 grammes. Sur le plan de son statut, l’oiseau migrateur est protégé par une directive européenne datant de 1979. Pour autant, il est toutefois possible de déroger à l’interdiction de destruction des spécimens pour prévenir les dégâts environnementaux et les nombreux dommages causés dans les exploitations piscicoles, les lacs et autres cours d’eau. Mais la dérogation va connaître un arrêt brutal et ainsi mettre un terme aux battues efficientes, au grand dam des pêcheurs.
La réglementation
De fait, en septembre 2022, le ministère de la Transition écologique prenait un arrêté pour la période 2022-2025, réduisant de manière drastique les quotas, les réservant essentiellement aux piscicultures. Cette décision, bien appuyée par la Ligue de protection des oiseaux (LPO), a suscité la colère de la Fédération nationale de la pêche en France (FNPF). Insatisfaites de cette décision, les associations de pêche et la FNPF avaient alors saisi en référé le Conseil d’État pour demander la suspension de l’arrêté. En novembre 2022, la plus haute juridiction administrative de France avait rejeté la requête en l’absence d’éléments matériels et d’arguments probants. Mais en juin dernier, s’est tenue l’audience sur le fond de l’affaire avec des études étayées et des analyses complémentaires présentées par la FNPF, et cette fois, le Conseil d’État a prononcé, en juillet, l’annulation de l’arrêté ministériel et ordonné un nouvel arrêté modificatif. La décision accorde un délai de quatre mois pour l’application de cet acte prévoyant des tirs. Le garde-pêche fédéral a réagi à cette décision : "C’est une décision positive pour l’ensemble des pêcheurs. La situation va progressivement se décanter. Mais il faut que les fédérations continuent à faire pression pour faire avancer les choses et revenir aux conditions d’avant septembre 2022." Sur le site, certains chasseurs concernés par les battues sont prêts à reprendre le chemin du parc communal de la Lère, et ce dès la fin de l’automne.

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