17/01/2023
Durant douze ans, à pareille époque et jusqu’à la fermeture de la chasse fixée au mois de février, la campagne de prélèvement du grand cormoran animait les abords du lac principal du parc de la Lère. Ainsi, l’équipe d’une dizaine de chasseurs, placée sous la responsabilité de Jean-Paul Duclos, garde-pêche, tentait de réduire au mieux la colonie d’oiseaux aquatiques nichée dans le dortoir de l’îlot du site monteillais.
Le grand cormoran est protégé par une directive européenne de 1979. Pour autant, malgré son statut d’espèce protégée, parmi les oiseaux sauvages, il est toutefois possible de déroger à l’interdiction de destruction des spécimens pour prévenir les dégâts environnementaux et les nombreux dommages causés par le grand cormoran dans les exploitations piscicoles, les lacs et autres cours d’eau. En effet, l’oiseau au plumage charbon, au cou élancé et au bec crochu est réputé gourmand et vorace avec une ration quotidienne de près d’un demi-kilo de poissons. À titre d’exemple, l’année dernière, la préfète de Tarn-et-Garonne a autorisé la chasse de 560 grands cormorans (500 en eaux libres et 60 en pisciculture) qui se sont retrouvés dans le viseur des chasseurs départementaux. Au parc de la Lère, la moyenne annuelle sur les 12 opérations de prélèvement s’est élevée à quelque 80 grands cormorans lors de battues bihebdomadaires.
La fin des battues
Jusqu’à présent, le ministère de la Transition écologique définissait les quotas triennaux de tirs par département, pour les piscicultures mais aussi pour les eaux libres. Mais en septembre dernier, le nouvel arrêté pour la période 2023-2025, en réduisant de manière drastique les quotas, les réservant essentiellement aux piscicultures, a créé la polémique et l’inquiétude auprès des pêcheurs. A contrario, la Ligue de protection des oiseaux (LPO), qui se bat depuis des années pour faire cesser ces tirs, se félicite de cet arrêté. De fait, pour le Tarn-et-Garonne, ce sont 30 oiseaux par an à prélever uniquement à la pisciculture de Montech. La Fédération nationale de la pêche en France (FNPF), pour marquer son profond désaccord, a saisi le Conseil d’État, pour l’heure sans succès.
Les réactions
le président Fabrice Bonnet, du Pêcheur caussadais, regroupant quelque 500 sociétaires : "Ces dérogations permettaient de diminuer la prédation sur la population piscicole. 30 oiseaux, c’est insuffisant !"
Le garde-pêche Jean-Paul Duclos : "Les cormorans vont à nouveau se sédentariser ici. Aujourd’hui, j’ai compté 18 oiseaux sur l’îlot."